Newsletter de l'Association Française Indépendante de l'Electricité et du Gaz

  À PROPOS

L’AFIEG regroupe des entreprises françaises et des filiales d’opérateurs européens des secteurs électrique et gazier : Alpiq Energie France, Endesa, Iberdrola, TotalEnergies Electricité et Gaz France, Gazel Energie, Vattenfall. SEFE Energy, BKW France, Enovos et Primeo Energie sont membres associés.

Son objectif est de contribuer au développement d’un marché français plus concurrentiel dans les secteurs de l’électricité et du gaz, tant sur les activités de production et de fourniture d’énergie, que sur les nouveaux métiers et services, afin d’offrir un plus large choix aux consommateurs et d’améliorer la compétitivité de nos industries. L’AFIEG a consolidé sa représentativité en intégrant le Conseil supérieur de l’énergie en 2022.

Forte de son expertise indépendante sur les enjeux énergétiques français fondée sur une présence de plus de dix ans en France, l’AFIEG entretient un dialogue régulier avec les pouvoirs publics pour contribuer à la mise en oeuvre des politiques énergétiques. L’AFIEG est membre fondateur de l’association européenne représentant les fournisseurs alternatifs, EER – European Energy Retailers - et en assure la présidence en 2023 et 2024.

  ÉDITO

 

L’édito de Géry Lecerf, Président de l’AFIEG

Le secteur de l’électricité est à la croisée des chemins. Il a été secoué par une crise sans précédent, conséquence pour la France d’un double cocktail explosif : une crise gazière liée au conflit russo-ukrainien doublée d’une crise de l’indisponibilité du parc nucléaire. Ce qui a contribué à placer la France sur le podium des marchés de gros les plus chers en matière d’électricité.

La réaction politique s’est matérialisée par une demande forte consistant à réformer ce qu’on appelle le « market design européen », à savoir l’organisation des marchés de gros européens. A l’arrivée, l’Europe tente de s’accorder sur une logique qui préserve les avantages du système actuel tout en introduisant davantage de long terme dans la fixation des prix.

Rappelons qu’à l’origine de cette réforme, il y a une volonté de révision de la fixation du prix de l’électricité sur le marché européen accusée, à tort, d’être indexée sur celui du gaz. A tort, car ce n’est pas une indexation, mais une corrélation. Ce marché fonctionne sur la base de la fixation marginale théorisée par feu Marcel Boiteux, grand économiste français, décédé il y a quelques semaines. Selon cette mécanique, le prix de la dernière centrale appelée pour répondre à une unité de consommation supplémentaire va déterminer le prix d’équilibre sur le marché. Or, au coeur de la crise, les centrales à cycle combiné gaz ont majoritairement fixé ce prix, alors qu’en temps normal, le nucléaire, lorsqu’il est disponible, est capable de faire le prix pendant 25% du temps, permettant de baisser considérablement le prix de gros.

Dès 2010, la France a choisi de s’assurer du transfert de la compétitivité du prix du nucléaire vers le consommateur et donc de s’affranchir en partie du fonctionnement du marché. Ce transfert a un nom : l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) instauré par la loi NOME. Ce mécanisme - que nous envie toute l’Europe - a permis d’assurer un prix de l’électricité compétitif à l’ensemble des consommateurs, quel que soit leur fournisseur. Il s’applique aux ventes d’EDF à ses propres clients (et donc modère le montant de ses factures) comme aux ventes des autres fournisseurs vers leurs propres clients. Il a en outre “permis la couverture des coûts complets du parc de production nucléaire historique sur la période 2011-2021” selon la Cour des comptes.

Dispositif essentiel pour le consommateur français, l’ARENH est pourtant l’objet de remises en cause régulières, alors même que sa suppression serait désastreuse, en particulier pour notre industrie qu’il a “efficacement protégée des fluctuations de prix” comme l’ont souligné plusieurs parlementaires dont les députés G Kasbarian, O. Marleix, A. Armand ou E. Bonnivard. Il faut donc en maintenir les effets par une régulation qui doit démarrer dès 2026 et s’appliquer à l’ensemble du productible nucléaire. Il est urgent de conférer à cet égard de la visibilité aux consommateurs et aux acteurs du système électrique.

Notre parc nucléaire est un atout formidable mais sa singularité nécessite une intervention publique pour garantir sa bonne disponibilité, au bénéfice de tous les consommateurs. Comme l’a souligné la Ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier- Runacher, « nous sommes le seul pays où un acteur a dans ses mains 70 % des parts de marché, reposant notamment sur une technologie qu’aucun concurrent ne peut répliquer à court terme. Cette régulation doit permettre, d’un côté, aux Français de bénéficier des coûts compétitifs du nucléaire qu’ils ont contribué à financer et, de l’autre côté, à EDF de faire ses investissements massifs. » (Les Echos, 28 septembre 2023)

Géry Lecerf,
Président de l'AFIEG

  LE POINT SUR LA RÉFORME DU MARCHÉ EUROPÉEN DE L’ÉLECTRICITÉ

Solaire Uniper

Une réforme qui peine à se finaliser

La réforme du market design de l’électricité a pour principal objectif de fournir aux acteurs des signaux de long terme :

  • en protégeant les consommateurs, ménages comme entreprises, de la volatilité des prix de gros ;
  • en garantissant aux producteurs un revenu couvrant leurs coûts afin de les inciter à investir dans des unités de production bas carbone.

Pour l’essentiel, Commission européenne et eurodéputés entendent atteindre cet objectif en promouvant des contrats long-terme régulés (contrats pour la différence, ou CfD) et privés (contrat de vente directe, ou PPA). Parmi cette panoplie d’outils, aucune mesure n’a cependant été introduite à date sur le développement du marché de gros afin d’y faire émerger des produits à maturité longue, privant la réforme d’un levier efficace et éprouvé.

Au Conseil de l’Union européenne, les discussions se sont enlisées dans le désaccord entre Paris et Berlin sur l’éligibilité du nucléaire existant aux contrats pour la différence, qui offriraient une solution pérenne à la régulation des prix du nucléaire historique dans un monde post-ARENH en permettant aux consommateurs français de continuer de bénéficier dans leurs factures des coûts bas de notre mix électrique. Le gouvernement français se voit de plus privé du soutien de son producteur nationalisé, défavorable aux CfD qui lui garantiraient pourtant un revenu stable compatible avec les investissements colossaux à consentir pour le prolongement du parc existant et la construction de nouvelles centrales nucléaires.

Au Conseil, la présidence suédoise n’a pu encore parvenir à un accord entre les États membres. La difficulté des négociations rend plus probable une adoption sous présidence belge début 2024, tandis qu’un report après les électrons européennes de 2024 revêt une probabilité non nulle. Sans compter les délais de transposition de la directive une fois celle-ci adoptée.

Quelles conséquences concrètes pour la France ?

Ce retard dans la réforme européenne pousse le gouvernement français à mener sa propre réforme de la régulation des prix de l’électricité pour les français. Le Président de la République a en ce sens annoncé “reprendre le contrôle du prix de notre électricité” dans une loi à paraître avant la fin de l’année. Il est d’abord utile de rappeler que parler d’un “Frexit électrique”, comme on a pu le lire ici ou là, est totalement erroné : le couplage européen et le fonctionnement du marché de gros demeurent, et c’est heureux ! Ensuite, il ne s’agit pas pour cette loi de reprendre le contrôle du prix de l’électricité, mais de le poursuivre puisque l’ARENH, destiné à s’éteindre après 2025, remplit précisément ce rôle depuis 12 ans !

Solaire Uniper

  HYDROÉLÉCTRICITÉ :
NON LE SYSTEME CONCESSIF NE FAIT PAS OBSTACLE À L’INVESTISSEMENT

Le PDG d’EDF a récemment déclaré en audition parlementaire que « le régime des concessions lui-même bloquait les investissements. » L’AFIEG refait ici le point sur les faits :

1 L’investissement de l’exploitant des concessions hydroélectriques est encadré par l’Etat, propriétaire du barrage : l’exploitant de la concession a la responsabilité des investissements, de la construction et de l’exploitation de l’installation hydroélectrique. En contrepartie de l’exploitation, le concessionnaire verse une redevance, accorde des réserves en eau et en énergie et doit, à l’issue de la concession, faire un retour gratuit des biens nécessaires à l’exploitation de la concession à l’État propriétaire. Ce dernier peut renouveler la concession par appels d’offres afin de choisir l’exploitant le plus apte à satisfaire aux critères énergétiques, environnementaux et financiers et à remplir le cahier des charges encadrant la concession.

Solaire Uniper

2 Le système concessif ne fait pas obstacle à l’investissement : le cahier des charges d’une concession prévoit des objectifs de production. En cours de concession, il est possible d’augmenter la puissance installée après accord de la DREAL. A partir de la seconde moitié de la durée de la concession ou 10 ans avant sa fin, il est possible de proposer de nouveaux travaux et matériels après accord de la DREAL (les coûts non amortis étant payés par le nouveau concessionnaire).

3 Les obstacles réels à l’investissement dans l’hydroélectricité ne sont pas liés au système concessif : ils avaient été parfaitement identifiés par le rapport parlementaire sur les freins à la transition énergétique (J. Dive, B. Duvergé): « le manque de vision, à moyen terme, des conséquences du changement climatique sur l’hydroélectricité ; les modalités de prise en compte des problématiques environnementales lors de l’instruction des dossiers ; l’absence de programme de recherche centré sur l’hydraulique et l’hydroélectricité ; l’absence de rémunération, à leur juste valeur, des services rendus au système électrique.» A cela s’ajoute la mauvaise application de la loi énergie et au climat de 2019, constatée par la députée Marie- Noelle Battistel, et seulement levée récemment en matière d’augmentation de puissance. Enfin, la non-application de la loi en matière de renouvellement des concessions par appels public à candidature a « fragilisé les concessions par des années d’incertitudes » comme l’a relevé la Cour des comptes, et c’est cette « inaction » qui a créé un contentieux européen, et non l’inverse.

En définitive, c’est le bien non-respect du cadre légal sur les concessions qui nuit gravement à l’hydroélectricité française et à l’ensemble du système électrique et de la collectivité.

Retrouvez l’intégralité de cette tribune publiée dans Enerpresse : https://tinyurl.com/yem79pff

  LES CHIFFRES

177 000 nouveaux sites

73 000 nouveaux sites

Électricité

Électricité

Gaz naturel

Gaz naturel

Le nombre de sites en offres de marché repart à la hausse avec 177 000 de nouveaux sites en électricité et 73 000 en gaz naturel au 1er trimestre 2023.

(CRE, 1er trimestre 2023 Les marchés de détail de l’électricité et du gaz naturel)

  #AFIEGexplique L’ARENH, et après ?

En moyenne, les consommateurs bénéficient de 65 % d’ARENH dans leur facture. Cette part varie selon le profil de consommation.

  ET APRÈS L’ARENH ? PLUSIEURS OPTIONS POSSIBLES …

Il est nécessaire de clarifier la situation et de définir au plus vite le futur de l’ARENH.

L’incertitude sur le post-2025 est une source de hausse des factures car elle limite la capacité des fournisseurs à proposer des offres compétitives en prix et durée.

  ENTRETIEN

 

Les aides aux consommateurs en trois questions à Stéphane Radureau

 

Quelle est la situation actuelle du marché ?

La situation actuelle, comparée à 2022, est bien plus calme sur les marchés du gaz et de l’électricité. Les échanges de gaz avec les nouveaux partenaires de l’Europe se stabilisent, ce qui permet un retour à des prix du gaz bien plus soutenables qu’en 2022. Combiné au recouvrement progressif des capacités de production nucléaire, le marché français de l’électricité est lui aussi à des niveaux plus bas et moins volatiles que l’année précédente. Cette situation, bien évidemment favorable aux consommateurs, est aussi plus confortable pour les fournisseurs d’énergie.

Quel retour d’expérience sur la mise en oeuvre des aides aux consommateurs ?

Les aides aux consommateurs nous sont apparues nécessaires et indispensables pour soutenir le tissu économique français sur la période passée. Malgré tous les efforts réalisés par les fournisseurs en termes d’offre, de lissage de prix et d’échéanciers de paiement, les hausses de prix sur les marchés de gros ont été trop brutales pour que ces solutions résolvent le problème. Les aides ont ainsi pu soutenir les consommateurs finals bien que leur définition réglementaire fut chaotique du point de vue du fournisseur : décisions tardives, vas-et-viens réglementaires, rétroactivité des textes et imprécisions sur les définitions et les périmètres.

Malgré cela, les fournisseurs ont pu implémenter ces aides sur des temps très serrés afin de soutenir la trésorerie de leurs consommateurs. Dans sa délibération du 27 juillet 2022, soit seulement 4 mois après l’officialisation des textes encadrant le mécanisme d’ARENH additionnel, la CRE a souligné l’efficacité de sa redistribution pour soulager les factures de 2022. Ainsi, à date, ce n’est que 0.8% de la valeur de l’ARENH additionnel qui n’aurait pas été redistribué suivant les principes délibérés par la CRE en mars et en juillet 2022.

Pour 2023, l’amortisseur électricité a pris le relais de l’ARENH additionnel. Il a permis de couvrir une partie importante des factures d’électricité des consommateurs finals, allant jusqu’à plus de 50% pour des très petites entreprises ayant signé leur contrat de fourniture au second semestre 2022. Si cela ne suffit pas, cette aide peut être complétée par le Guichet d’aide pour le paiement des factures d’électricité, sous certaines conditions.

Malgré une volonté du gouvernement de flécher au maximum les aides vers les consommateurs les plus touchés par la crise énergétique, cette position assumée a généré des dispositifs nombreux (plus de 5 dispositifs différents sur l’électricité et le gaz) et complexes à appréhender pour le consommateur, et même parfois par le fournisseur. Cette diversité de dispositifs, parfois complexes, a pu ébranler l’efficacité de ces derniers.

Enfin, les fournisseurs regrettent que des textes réglementaires, structurants pour la mise en oeuvre de ces aides, continuent d’être analysés et ne soient pas encore publiés sur le journal officiel.

Quid de la suite des mécanismes d’aides ?

Dans une majorité de contrats signés courant 2022, le consommateur, en l’absence de visibilité sur les aides pour 2023, a préféré signer sur plusieurs années dans l’objectif de diminuer sa facture à court terme. L’effort de lissage des prix des fournisseurs, et donc de trésorerie, se fait sur des offres à prix fixe. Ce choix, de la part du consommateur, a pour impact un maintien de prix élevés sur plusieurs années, au-delà de 2023.

Pour ces raisons, les fournisseurs continuent de négocier avec les autorités publiques afin de maintenir les dispositifs d’aide tels que l’amortisseur, mais également les dispositifs d’aide à l’habitat collectif, pour l’année 2024, a minima.

Pour le moment, ces messages sur le maintien du dispositif amortisseur, et des dispositifs d’aide sur la crise énergétique en général, trouvent preneurs. Dans son dossier de presse présentant le PLF 2024, datant du 27 septembre 2023, le gouvernement annonce le prolongement des mesures d’accompagnement telles que le bouclier électricité pour les particuliers et les structures d’habitat collectif ou encore un dispositif de soutien aux petites et moyennes entreprises. Dans les discussions, ce dernier dispositif devrait ressembler à l’amortisseur électricité actuel.

La balle est dans le camp de nos élus pour que ces dispositifs soient précisés, votés et officialisés le plus rapidement possible, et avec une simplification pour faciliter leur compréhension par les consommateurs finals.

Stéphane Radureau,
Président du Collège Electricité de l’AFIEG

  ACTUALITÉS

La CRE publie son analyse sur le « vrai coût » du nucléaire :

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a remis au Gouvernement son rapport sur l’actualisation des coûts de production du parc nucléaire existant.

Le régulateur actualise, à iso-méthode, ses estimations du coût complet du nucléaire de 2020, évalue le coût comptable de production et calcule le prix d’un ruban d’électricité, tel qu’il pourrait être vendu par EDF à des grands consommateurs. Le tout sur trois périodes quinquennales, dépendant des trajectoires de productible.

Cette mise à jour aboutit à une augmentation du coût complet de la production nucléaire, qui s’établit désormais, selon le régulateur, à 60,70 € par MWh sur la période 2026- 2030, 59,10 € par MWh sur 2031-2035 et 57,30 € par MWh sur 2036-2040.

Mais ces estimations sont encore très en deçà des chiffres jusqu’ici avancés par EDF puisque, lors des phases d’auditions et de contradictoires qui ont accompagné l’élaboration du rapport, le groupe a communiqué des coûts entre 20 % et 25 % supérieurs à ceux du régulateur.

Bilan de l’ARENH + (CRE) :

Afin de répondre à la hausse inédite des prix de gros de l’électricité, le Gouvernement a décidé en mars 2022 l’attribution de 20 TWh additionnels d’ARENH aux fournisseurs alternatifs entre le 1er avril et le 31 décembre 2022. La CRE a dressé le bilan de la répercussion de l’ARENH additionnel, dit ARENH+, par les fournisseurs alternatifs et par EDF aux consommateurs.

19,5 TWh d’ARENH+, sur les 20 TWh proposés, ont été attribués aux fournisseurs alternatifs, représentant une valeur de 4,1 milliards d’euros. Ajoutés aux 3,8 milliards versés par EDF, 7,9 milliards d’euros ont été déployés pour protéger les consommateurs de la crise des prix de gros dans le cadre du dispositif ARENH+.

La CRE conclut que, pour les consommateurs français d’électricité ayant signé leur contrat d’électricité avant septembre 2022, la protection issue du dispositif ARENH+ a été efficace. En incluant les tarifs réglementés de vente, 96,8% des consommateurs ont eu un prix de l’électricité équivalent à ou très proche des prix moyens d’avant la crise. Moins de 0,5% des clients ont un prix supérieur de plus de 100 €/MWh aux prix moyens avant la crise. L’ARENH additionnel a joué un rôle majeur dans ce résultat et a réduit fortement le coût du bouclier tarifaire pour le budget de l’Etat.

Bilan de l’ARENH + (CRE)
RTE publie son bilan prévisionnel 2023-2035

RTE publie son bilan prévisionnel 2023-2035.

Il actualise la première période de Futurs énergétique 2050, à mi-parcours de l’objectif de neutralité carbone du pays. Cette mise à jour intervient alors que plusieurs paramètres ont évolué depuis 2021 : contexte géopolitique et économique mondial (guerre en Ukraine, crise énergétique), volonté de la France de renforcer sa souveraineté industrielle et énergétique, nouvelles ambitions climatiques et de décarbonation. Le bilan étudie 3 scénarios possibles avec des rythmes différents de consommation, d’électrification des usages et de développement des énergies bas-carbone.

Certificats de production de biogaz

Le cadre réglementaire du mécanisme des certificats de production biogaz est en cours de finalisation. L’AFIEG est évidemment favorable au développement de la production de biométhane en France, et par conséquent à une certaine forme de soutien à l’émergence des projets. Toutefois, ce soutien accru pour faire émerger de nouveaux projets aurait dû, selon l’AFIEG, prendre la forme d’une augmentation des crédits budgétaires alloués au développement du biométhane.

L’effort de décarbonation étant d’intérêt général, il eut été logique que le soutien soit pris en charge par la collectivité, donc par l’Etat, et non par des acteurs privés comme les fournisseurs de gaz ou les consommateurs de gaz. Il n’y a de ce point de vue aucune raison que les modalités du soutien au biogaz diffèrent de celles relatives aux énergies renouvelables électriques. C’est pourtant un choix inverse qui a été fait dont l’AFIEG prend acte : le dispositif de certificats de production de biogaz, créé par la loi « climat et résilience » n°2021-1104 du 22 août 2021, impose aux fournisseurs de gaz naturel une obligation de restitution à l’Etat de certificats correspondant à une production de biogaz. Les fournisseurs de gaz naturel peuvent s’acquitter de cette obligation soit en produisant directement du biogaz injecté dans un réseau de gaz naturel, soit en acquérant des certificats auprès de producteurs de biogaz. L’AFIEG salue le choix du ministère de l’énergie d’éviter de faire porter le coût des CPB à l’industrie et d’épargner les centrales à cyclables combinés gaz dont le coût aurait été augmenté, et par ricochet celui de l’électricité produite. Elle alerte les pouvoirs publics sur le risque de faible liquidité de la plateforme d’échange qui sera alimentée par les producteurs et sur laquelle s’approvisionneront la plupart des fournisseurs. Sans des garanties fortes de la part de ces derniers, la facture du consommateur final risque d’être fortement affectée, d’autant plus si le niveau d’obligation en termes de CPB fait fi de la réalité du développement des méthaniseurs.

  BILLET PROSPECTIVE

Permettre réellement aux énergéticiens européens de participer à l’investissement dans la production d’électricité

Le bilan prévisionnel de RTE 2023-2035 met en lumière trois scenarii pour la transition énergétique que la France doit effectuer pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Deux constats s’imposent à nous : il faut accélérer la construction de nouvelles capacités électriques pour faire face à la demande à venir et ces nouvelles installations vont impliquer des investissements gigantesques. Il devient chaque jour plus évident qu’un seul opérateur ne peut supporter seul tous les coûts de renouvellement et de développement de l’ensemble des filières de production d’électricité.

Or, force est de constater que l’un des facteurs clefs de la création de l’ARENH en 2012 est toujours d’actualité. A l’époque, la Commission européenne avait accepté l’aide d’état que constituait l’ARENH sur le constat de la concentration de la production en base aux mains de l’opérateur historique (nucléaire et hydroélectricité). Cet état de fait n’a pas changé, et s’est même renforcé par la concentration du marché de l’éolien en mer aux mains de l’acteur historique, qui s’est vu attribuer 5 des 8 projets existants.

Il est donc nécessaire de prévoir une régulation pour permettre à la concurrence d’exister sur le marché français. La Commission de Régulation de l’Energie a sonné l’alarme dans sa Délibération du 9 mars 2023 quant à la concentration inédite en Europe du marché de l’éolien en mer en France et a appelé le Gouvernement à mettre en place des mesures pour garantir une meilleure diversification des opérateurs

dans ce secteur. Le Gouvernement semble avoir pris la mesure du problème et a présenté lors du Conseil supérieur de l’énergie du 26 septembre, un projet de décret dans lequel une modification du Code de l’énergie permettrait au Ministre de l’Energie d’inclure dans les cahiers des charges des futurs appels d’offres éoliens en mer une limitation du nombre de projets ou du volume de capacité mis en appel d’offres pouvant être attribué à un seul opérateur économique. L’AFIEG salue cette proposition et souhaite que l’administration confirme rapidement cette disposition en publiant le décret.

Jusqu’à présent, les opérateurs européens ou alternatifs français ont investi dans les énergies renouvelables ou les centrales thermiques, sans pouvoir contribuer à faire face au mur d’investissements qui s’accumule dans l’éolien en mer et l’hydroélectricité (et notamment en matière de station de turbinage pompage). L’AFIEG appelle à ce que les pouvoirs publics ouvrent enfin la porte à l’ensemble des acteurs alternatifs pour investir en France sur les actifs de production d’électricité de puissance significative. Il en va d’un enjeu de sécurité d’approvisionnement puisque ces grands projets d’infrastructure énergétique doivent être financés mais aussi d’un enjeu d’innovation et de partage de bonnes pratiques. Les acteurs alternatifs bénéficient d’une expérience de nombreuses années dans les secteurs de l’éolien en mer et de l’hydroélectricité qui pourront permettre à la filière française de se développer.

Marie-Laetitia Gourdin,
Responsable du Groupe de travail
Communication et Stratégie - AFIEG

  ACTUALITÉS DES MEMBRES

VATTENFALL

Vattenfall a inauguré le 29 septembre 2023 son plus grand parc éolien en mer d’Hollandse Kust Zuid aux Pays Bas avec ses partenaires BASF et Allianz. Il s’agit d’un parc de 1,5 GW de capacité installée, construit sans subvention, qui sera pleinement opérationnel début 2024 et alimentera en électricité renouvelable jusqu’à 1,5 million de foyers néerlandais. C’est un parc innovant à plusieurs titres, notamment par sa prise en compte de la biodiversité et par ses partenariats pour la décarbonation de l’industrie comme Air Liquide qui a signé des PPA pour une livraison de 100 GWh d’électricité par an sur 15 ans. Plus d’informations ici :

https://group.vattenfall.com/fr/presse-et-medias/ communique-de-presse/2023/inauguration-du-parc-eolienen- mer-hollandse-kust-zuid-vattenfall-basf-et-allianzcelebrent- linnovation-et-la-biodiversite

ALPIQ

À la frontière franco-suisse, une batterie géante pour l’Europe exploitée par Alpiq. Après 14 ans de construction - y compris l’excavation de dizaine de kilomètres de tunnels souterrains - une batterie géante a commencé à fonctionner en juillet 2022 au coeur de l’Europe. Située à la frontière franco-suisse, la station de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP) de Nant de Drance vise à stabiliser l’approvisionnement en électricité de l’Europe tout en soutenant la transition vers les énergies renouvelables. L’excédent d’énergie peut être «stocké» dans les deux réservoirs de la centrale (les lacs d’Emosson) ; l’eau circule entre eux par un tuyau d’acier plus haut que la tour Eiffel pour alimenter six turbines de 150 mégawatts situées à environ 600 mètres sous terre. Ce système de 2 milliards d’euros, le plus grand du genre en Europe, peut stocker jusqu’à 20 millions de kilowattheures, ce qui équivaut à la capacité de 400 000 batteries de voiture. Depuis sa mise en service, la STEP de Nant de Drance a déjà produit 950 GWh d’électricité et pompé 1170 GWh, soit un rendement de 80% des cycles de pompage-turbinage. Récemment, le magazine TIME a inclus la centrale de pompage-turbinage de Nant de Drance SA dans sa prestigieuse liste des 200 meilleures inventions de 2022 :

https://time.com/collection/ best-inventions-2022/6229827/nant-de-drance/

IBERDROLA

IBERDROLA rejoint l’AFIEG comme membre de plein exercice en mai 2023. Énergéticien de rang mondial et l’un des leaders des énergies renouvelables, IBERDROLA s’est implanté en France en 2001, et a établi son siège social à Paris. L’entreprise a pour ambition, grâce à une stratégie d’investissement à long terme et un fort plan de développement, de s’inscrire durablement sur le territoire français, en tant que producteur et fournisseur d’énergie verte, et de devenir à terme l’un des principaux acteurs du marché de l’énergie en France.

SEFE

SEFE Energy rejoint l’AFIEG comme membre associé depuis le début d’année 2023. SEFE Energy SAS fait partie du groupe SEFE GmbH, un acteur majeur sur le marché de l’énergie en Europe. Le groupe couvre l’ensemble de la chaîne du trading à la distribution, en passant par les infrastructures, le stockage, le transport et la vente. Au coeur de ses ambitions, SEFE a la volonté de contribuer à la sécurisation de l’énergie en Europe et donc à l’approvisionnement, ce qui est reflété d’ailleurs dans son nom SEFE pour Securing Energy for Europe. SEFE possède 7% des capacités de stockage de gaz naturel de l’Union Européenne. En complément SEFE appréhende les enjeux environnementaux et explore diverses pistes énergétiques. Le groupe a récemment signé un partenariat avec la société Gen2 Energy, un acteur norvégien, pour la fourniture d’hydrogène vert comprimé depuis des installations de production en Norvège directement aux clients en Allemagne et en Europe du Nord-Ouest. Le début de livraisons est prévu pour fin 2025-2026.

  ÉVÉNEMENTS

congès gazelec

L’AFIEG est partenaire du Congrès GAZELEC 2023 qui se tiendra les 16,17 et 18 octobre au centre de conférences Hôtel Pullman Montparnasse Paris.

À travers 48H de conférences et une journée d’ateliers, d’exposition, de business sessions, de rendez-vous business, Gazelec rassemble depuis plus de 13 ans l’ensemble des acteurs clés de la filière énergétique française et européenne.

Unique rendez-vous rassemblant près de 300 acheteurs, retrouvez les experts, décideurs, chercheurs, fournisseurs, industriels et entrepreneurs qui sauront vous conseiller et vous inspirer dans la mise en oeuvre de vos stratégies.

Pour tous renseignements : https://congresgazelec.com

L’AFIEG est partenaire d’Horizons Hydrogène, le rendezvous Contenu & Business des acteurs de l’Hydrogène les 28 et 29 novembre 2023 au Centre de congrès Rive Montparnasse.

Le Congrès a pour vocation de devenir un véritable lieu d’échanges et d’expertise entre industriels, expertschercheurs, porteurs de projets, investisseurs publics et privés, consultants, institutionnels, utilities et énergéticiens,pour ainsi se positionner comme un grand rendez-vous annuel des acteurs du marché de l’hydrogène.

Horizons Hydrogène offre l’opportunité de vous informer, de débattre, de faire une veille complète sur les dernières innovations et projets en cours sur ce marché en pleine ébullition.

Pour tous renseignements : https://horizons-hydrogene.com/

L’AFIEG débat Géry Lecerf, Président de l’AFIEG, est intervenu au Montel French Energy Day du 5 octobre organisé par MontelNews sur une table ronde dédiée à la régulation post-ARENH

Aux côtés de Dominique Jamme, Directeur général de la CRE, Julien Tedde, CEO d’Opéra Energie, Nicolas de Warren, Président de l’Uniden et Frank Roubanovitch, Président du CLEEE. Géry Lecerf a notamment souligné que le manque de visibilité à l’horizon 2026 en matière de régulation de l’électricité nucléaire pénalisait les consommateurs industriels.

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