Qu’est-ce qu’EER ?
European Energy Retailers (EER) est une fédération fondée en 2018 par 5 associations nationales de fournisseurs indépendants d’électricité et de gaz en Europe. L’AFIEG en France est l’un des membres fondateurs. Les autres membres fondateurs comprennent ce qui seraient les homologues de l’AFIEG dans d’autres pays : l’association espagnole ACIE, l’association italienne AIGET, l’association allemande BNE et l’OE suédois, une structure plus petite, qui est un membre associé.
EER est présent dans les plus grandes économies européennes et couvre les plus grands marchés de l’énergie. On y trouve en effet plus de la moitié des consommateurs d’énergie européens. Dans de nombreux pays, il n’existe pas d’association de fournisseurs indépendants et qui ne sont pas les fournisseurs dominants et/ou historiques, mais seulement une association qui regroupe tous les fournisseurs, comme c’est le cas aux Pays-Bas. Ces deux dernières années, des associations indépendantes ont été créées dans quelques États membres, au Portugal ou en Grèce par exemple. EER est en contact avec ces associations qui sont encore petites mais espèrent croître avec le développement des nouveaux entrants sur le marché traditionnellement dominé par des entreprises verticalement intégrées. Notre ambition est justement de porter leurs voix et de faire entendre ces acteurs indépendants partout en Europe.
Quelles sont les missions d’EER ? Et quels sont les chantiers actuels de la filière et les positions défendues par EER ?
EER présente les points de vue des nouveaux entrants, des acteurs indépendants et innovants du marché. EER défend l’unbundling, des marchés libres et une concurrence équitable dans le secteur de l’énergie. L’UE prône la libéralisation du marché de l’énergie, la concurrence étant source de croissance, d’innovation, de meilleurs services et de prix plus compétitifs pour les consommateurs. Nous pouvons voir dans de nombreux pays des entreprises verticalement intégrées et les GRT et GRD, avec un avantage concurrentiel, désireux de participer à ce que nous comprenons comme des activités de marché classiques. De plus, le Green Deal européen étant le principal moteur politique aujourd’hui, la décarbonisation figure désormais en tête de l’agenda énergétique européen. A bien des égards, le lien entre la libéralisation, source d’innovation et l’approche centrée sur le consommateur, n’est pas suffisamment établi. La vocation de l’EER est de s’assurer que les acteurs du marché puissent développer de nouveaux services et que les acteurs réglementés ne participent pas aux activités du marché, en profitant des avantages que confère ce caractère régulé, souvent couplé à une situation de monopole local, régional ou national selon les pays.
La prochaine révision du paquet « marché du gaz » prévu pour fin 2021, mettra l’accent sur l’hydrogène. L’une des questions sera de savoir qui peut posséder et exploiter des installations de production d’électricité à partir de gaz. Selon nous, comme pour le stockage, il s’agit d’une activité de marché, et les règles de dégroupage doivent être appliquées en conséquence. Mais nous pouvons voir comment les GRT gaziers, avec leur grande influence et leur expertise, font du lobbying à Bruxelles pour adapter les règles à leur profit Nous avons assisté à des batailles politiques similaires ces dernières années autour du paquet « Clean Energy », axé sur l’électricité.
Et en quoi consistent vos activités de secrétaire général ?
J’ai rejoint l’EER en tant que secrétaire générale en avril 2019 et je soutiens toutes les activités de l’association, du suivi et de l’analyse des développements politiques à la coordination de notre travail en interne, en passant par l’organisation d’événements et la définition de notre programme et de nos activités de sensibilisation. Sur toutes les questions stratégiques, je travaille en étroite collaboration avec notre président, Antonio Colino, ainsi qu’avec les autres membres du bureau. A Bruxelles, où je suis basé, j’ai longtemps travaillé au Parlement européen ainsi que dans les affaires publiques. L’une de mes principales activités consiste à veiller à ce que nous maintenions un bon dialogue avec les institutions européennes, notamment la Commission européenne, en organisant avec nos membres des réunions avec les fonctionnaires. Mais je suis également en contact avec les parties prenantes du secteur énergétique européen. Nous établissons régulièrement des partenariats avec d’autres associations, en créant des alliances et en unissant nos forces avec des acteurs, notamment dans les domaines des technologies et services énergétiques intelligents, de la gestion de la demande, des traders en énergie, etc. Et bien sûr, nous parlons avec tout le monde, également avec les parties prenantes dont les positions ne sont pas alignées sur les nôtres. Bruxelles est synonyme de dialogue et d’ouverture.
A plus long terme, comment envisagez-vous l’évolution de la filière européenne de la fourniture d’énergie et quels sont selon vous les chantiers politiques d’importance à mener ?
Commençons par nos priorités et notre programme de travail pour 2021, une année clé au cours de laquelle un processus sera engagé pour définir les règles du nouveau cadre législatif européen en matière d’énergie pour cette décennie. Au cœur de ce processus se trouve un paquet que la Commission devrait adopter le 14 juillet. Ce paquet a pour but d’aligner la législation sur le climat et l’énergie sur le nouvel objectif de réduction des émissions de GES de 55 % pour 2030, y compris de réviser plusieurs directives, sur l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, la taxation de l’énergie, etc. D’ici la fin de l’année, la Commission présentera la réforme du marché du gaz, également en vue du développement et de l’intégration des gaz renouvelables et décarbonés. Il s’agira d’un autre paquet important, également pour les fournisseurs. Ensuite, il y a la mise en œuvre nationale du paquet sur l’énergie propre que nous suivons de près avec les membres pour faire remonter nos points de vue à Bruxelles. Par ailleurs, la Commission a publié plus tôt un rapport sur l’analyse et le traitement des obstacles auxquels se heurtent les nouveaux entrants sur le marché. Nous nous engageons auprès de la Commission pour nous assurer que ces obstacles seront abordés. Enfin, il y a la question primordiale de l’accès aux données qui sera un élément clé pour les nouveaux services et solutions dans les années à venir. Le rôle de l’EER est de s’assurer que tous les acteurs du marché puissent avoir un accès libre à ces données sans aucune discrimination.