Novembre 2021

L’actualité de l’énergie de cet automne est évidemment marquée par l’envol des prix, qu’il s’agisse de l’électricité, du gaz, du charbon ou du carbone.

Arrêtons-nous un instant sur la flambée des cours du gaz qui est probablement la plus marquée.

Les prix de marché du gaz ont augmenté de façon quasi continue depuis plusieurs mois.

Cette hausse des prix n’a pas de cause unique, mais résulte au contraire de la conjonction de multiples facteurs impactant à la fois l’offre et la demande de gaz.

Ces facteurs ayant été largement commentés depuis des semaines, inutile d’y revenir.

Les prix pourraient continuer leur progression pendant l’hiver gazier si les conditions climatiques s’avéraient défavorables, dans l’hypothèse notamment d’un hiver particulièrement rude.

Dans un tel contexte la tentation de réguler les prix de marché est forte. Ce serait pourtant une erreur. Depuis la libéralisation du marché du gaz en France, celui-ci s’est révélé efficient pour allouer les ressources disponibles et envoyer les signaux de prix.  Intervenir volontairement dans son fonctionnement n’aurait pour conséquence que de perturber la formation des prix de marché du gaz, par l’envoi de signaux de prix éloignés des réalités économiques, sans aucun effet sur les causes de la hausse des prix. En ce sens, il est primordial que, malgré le gel des prix du gaz décidé par le gouvernement pour protéger les consommateurs, la CRE continue de publier le barème des tarifs afin de suivre les cours réels du marché.

Le renchérissement du coût du gaz n’épargne aucune catégorie de consommateur : particuliers, entreprises et collectivités publiques, tous sont concernés.Notons tout de même que seuls les particuliers sont concernés actuellement par les mesures engagées par l’Etat visant à amortir la hausse des prix, à travers la hausse exceptionnelle du montant du chèque énergie et le gel du tarif réglementé de gaz naturel.

L’AFIEG partage évidemment le besoin de soutenir le pouvoir d’achat des ménages, notamment les plus vulnérables, dans un contexte de reprise économique.D’un autre côté, l’AFIEG se mobilise pour que l’Etat soutienne également les entreprises qui sont tout autant concernées par la hausse des prix du gaz, et déjà fragilisées par la crise économique liée au Covid.

Certaines industries dites « gazo-intensives », qui consomment de grandes quantités de gaz dans le cadre de leur processus de production, ont ainsi été contraintes de suspendre leurs opérations afin d’éviter de produire à perte.Dans le contexte actuel, le seul véritable levier à la main du gouvernement pour aider les entreprises est le levier fiscal. Un assouplissement, par exemple jusqu’à la fin de l’hiver gazier, de la TVA et/ou de la TICGN (Taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel) pourrait amortir l’impact de la hausse des prix sur les entreprises.

 

Au-delà des consommateurs de gaz, d’autres acteurs du marché du gaz subissent de plein fouet la flambée des prix, même si l’actualité en parle moins : les fournisseurs.

L’instabilité des marchés rend le métier de fournisseur chaque jour de plus en plus risqué financièrement.

Depuis le mois d’août, plus d’une douzaine de fournisseurs ont par exemple fait faillite au Royaume-Uni. Les fournisseurs français démontrent pour le moment une plus grande résilience que leurs homologues britanniques. En revanche, si les prix continuent de grimper, certains fournisseurs pourraient toutefois être en difficulté, d’où la décision prise par certains de suspendre temporairement leurs offres pour les nouveaux clients.

Pour autant les particuliers et les entreprises n’ont pas de crainte à avoir pour leur fourniture. Les fournisseurs français, en dépit des grandes difficultés qu’ils rencontrent actuellement, assurent à leurs clients une fourniture continue, comme ils l’ont toujours fait depuis l’ouverture du marché à la concurrence.

Et si un fournisseur devait malheureusement faire défaut, le mécanisme de fournisseur de secours permettrait d’éviter toute rupture d’approvisionnement. Ce dispositif, créé il y a deux ans dans la loi climat-énergie, n’est toutefois pas encore opérationnel.

Arnaud Derambure, Président du Collège Gaz de l’AFIEG

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