Le 27 mars 2023, la Ministre de la Transition énergétique a annoncé officiellement le lauréat du 4e appel d’offres éolien en mer au large de la Normandie.
Alors qu’à date huit projets éoliens en mer ont déjà été attribués en France, cinq l’ont été à l’opérateur historique, soit 3 GW sur 4,5 GW.
Comme le souligne la CRE dans sa délibération du 9 mars 2023, relative à l’instruction des offres remises dans le cadre du dialogue concurrentiel n°1/2020 portant sur des installations éoliennes de production d’électricité en mer dans une zone au large de la Normandie, « la CRE constate ainsi à ce stade une concentration élevée du marché de l’éolien en mer en France, qui ne s’observe pas ailleurs en Europe ni dans les autres filières renouvelables en France. Elle a pour conséquence une concentration des risques inhérents au déploiement de projets éoliens en mer, qui sont structurellement plus importants que pour d’autres filières. Pour cette raison, et pour des raisons de concurrence, la CRE considère cette situation comme très insatisfaisante. »
L’AFIEG s’interroge donc sur ce résultat qui démontre que la production d’électricité n’est toujours pas réellement ouverte à la concurrence en France.
Permettre une plus grande diversité des acteurs en matière de production de l’énergie en France, afin de bénéficier de savoir-faire et de contributions variées aux investissements, devrait être une priorité pour un Etat, à l’instar des investissements réussis chez nos voisins, par des acteurs français et européens. Cette diversification est une nécessité pour permettre aux ressources financières et aux compétences disponibles en France et en Europe de contribuer à l’effort colossal de décarbonation de l’économie du pays d’ici 2050, au regard notamment de l’ambition française pour la filière qui vise 40 GW de capacité installée à cet horizon de temps.
Est-il raisonnable de faire porter aux opérateurs historiques l’ensemble de la production de l’objectif de décarbonation, alors même que le parc centralisé existant nécessite une attention et des investissements soutenus, comme l’a démontré la crise récente ? Une telle logique poserait question sur le plan de la sécurité d’approvisionnement en France.
L’AFIEG ne remet pas ici en cause le choix des pouvoirs publics mais appelle à ce que l’Etat prenne des mesures concrètes pour favoriser enfin la diversité dans la filière éolienne en mer française, par exemple en prévoyant pour les futurs appels d’offres éoliens en mer d’attribuer à des candidats différents les parcs qui prévoient plusieurs lots (comme pour l’AO6 en Méditerranée). La question de l’attribution du second projet normand devra également faire l’objet d’une réflexion par l’Etat dès que possible.
Alors que les opposants à l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie critiquent régulièrement la prétendue absence d’investissement par les acteurs alternatifs dans des actifs de production en France, force est de constater qu’il semble quasi impossible aux acteurs non historiquement présents sur le segment de la production d’électricité d’investir dans les installations de puissance significatives. Pour rappel, le nucléaire demeure un monopole de fait tandis le renouvellement des concessions hydroélectriques échues par appel d’offres demeure inappliqué, en infraction avec la loi française et le droit communautaire.